Keï Khosrou

Afrasiab vient attaquer Rustem

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Au moment où le soleil commençait à montrer sa tête au-dessus de la montagne, les cavaliers turcs firent leurs préparatifs de départ, se rendirent à la porte du palais d’Afrasiab, formèrent leurs rangs et attendirent ses ordres.

La ville retentissait de cris et du bruit des armes ; tu aurais dit que le monde bouillonnait.

Les grands du Touran se prosternèrent devant le maître du monde la ceinture desserrée ; ils posèrent leurs fronts dans la poussière, disant :

Il nous est arrivé une chose qui passe l’imagination ; que faut-il faire maintenant ?

Car l’insulte de Bijen laissera sur l’honneur du roi une tache éternelle ; dans l’Iran on ne nous comptera plus pour des hommes ; on nous appellera des femmes armées. »

Le roi était furieux comme un léopard ; il leur dit de se préparer au combat, il ordonna à Piran de faire placer les timbales sur le dos des éléphants,-car il était confondu et indigné de ce qui était arrivé.

Les trompettes d’airain résonnèrent devant la porte du palais, la ville retentit du bruit des troupes, les braves formèrent leurs rangs, selon les ordres d’A-frasiab ; on entendit les cris des hommes et le son des trompettes ; etle roi partit pour la frontière avec une armée si nombreuse que la surface de la terre ne ressemblait plus qu’à une mer.

Lorsque la sentinelle vit de sa tour la terre se mouvoir comme une mer, elle courut auprès de Rustem et lui dit :

Prépare-toi, car le monde est noirci par la poussière que soulèvent les chevaux. »

Rustem lui répondit :

Nous n’avons pas pour ; nous répandrons de la poussière sur les mains de nos ennemis. »

Il fit partir Menijeh et les bagages, revêtit son armure de bataille, monta sur une hauteur, regarda l’armée des Touraniens et poussa un cri comme un lion en fureur.

Le vaillant cavalier dit :

Que pèse lll. le renard entre les griffes du lion ? »

Ensuite, il cria à ses braves pleins de fierté :

L’heure du combat est arivée : où sont vos épées et vos javelots qui percentle fer ?

Où sont vos lances et vos massues à tête de bœuf ?

Voici le moment de montrer sa bravoure et de courir au combat. »

On sonna des trompettes ; Tehemten monta sur Raksch et mena sa troupe de la montagne dans la plaine, aussitôt que l’armée ennemie eut paru dans le défilé de la montagne opposée.

Les deux armées se rangèrent sur cette large plaine ; de tous côtés s’élevèrent des murailles de fer.

Rustem forma sa ligne de bataille et la poussière que soulevaient les chevaux obscurcit le monde ; il !

Plaça à l’aile droite Aschkesch et Gustehem avec un grand nombre de cavaliers, à l’aile gauche Rehham et Zengueh couverts de leur armure de combat ; lui-même et Bijen fils de Guiv occupèrent le centre, d’où ils pouvaient voir et soutenirîl’armée.

Le mont Bisoutoun se trouvait derrière teeIraniens, qui formaient devant lui un mur d’épées.

Afrasiab, en voyant cette armée, à la tête de laquelle brillait Rustem, fut saisi de colère ; il revêtit la cotte de mailles qu’il portait dans les combats et ordonna à son armée de s’arrêter.

Il forma sa ligne, selon les règles, en face de celle des Iraniens ; l’air devint noir, la terre disparut.

Il confia l’aile gauche à Piran, envoya le vaillant Houman à l’aile droite, plaça au centre Guersiwez et Schideh et se réserva la surveillance de toute la ligne.

Tehemten tout couvert de fer et semblable à une montagne noire, tournait devant l’armée turque et s’écriait d’une voix terrible :

Ô misérable Turc, opprobre de ton pays, j de t’a couronne et de ton trône, tu n’as pas le courage de combattre comme il convient à un cavalier : tu n’as pas honte de paraître devant les braves de ton armée.

Voilà comme tu viens m’attaquer, tu couvres la terre d’hommes et de chevaux : mais lorsque mon armée s’avancera avide d’en venir aux mains, je te verrai tourner le dos au combat.

Tu n’as donc jamais entendu ce vieux proverbe que Destan aime à répéter, qu’un lion n’a pas peur de toute une plaine remplie d’onagres ; que mille étoiles ne brillent pas comme un seul soleil ; que le cœur et l’oreille de l’argali sauvage se déchirent quand on parle de la griffe du loup ; que le renard ne devient pas brave parce qu’il essaye de l’être et que l’onagre ne se frotte pas contre les ongles du lion.

Puisse un homme aussi léger que toi ne monter jamais sur un trône, car il livrera aux vents son royaume !

Tu périras corps et âme dans le combat que tu vas tenter contre moi sur cette large plaine. »

Dernière mise à jour : 7 sept. 2021